GUTS : une expédition surf en 4×4 à travers l’Afrique

Le surf trip s’est depuis toujours révélé comme un excellent format « d’aventure ».

02/05/2023 par Rédaction Surf Session

guts afrique
© jo_savagephotography
Marie Patrizia guts afrique
Marie & Patrizia © @erwan_goingsouth

« Il est plutôt question de rencontres, d’entraide et inspiration. »

Comment définir une aventure ? Une immersion complète, loin, très loin de sa zone de confort, avec son instinct et sa curiosité comme partenaires de voyage. Une succession de joies immenses et galères abyssales, dans lequel la (mal)chance tient souvent un rôle déterminant.  À ce petit jeu, le surf trip s’est depuis toujours révélé comme un excellent format « d’aventure ». 

Quelle vague de rêve n’a jamais poussé un parfait néophyte à explorer les zones de surf les plus isolées, à braver le monde sauvage et ses nombreux dangers ? Pour ce qui est de vivre des aventures, Marie et Patrizia n’en sont pas à leur coup d’essai. Ce qu’elles sont en train de boucler dépasse toutefois les expériences précédentes : une expédition en 4×4 de plusieurs mois à travers l’Afrique. Six pays traversés en trois mois avec leurs planches solidement harnachées sur le toit : deux 9’2 et deux 7’2, œuvres du landais Paul Duvignau. Au chevet de leur majestueux Hyundai Galloper nommé Petra, elles répondent à nos questions depuis une plage lointaine du littoral mauritanien.

Surf Session – Après avoir filmé et participé à des surfs trips dans le monde entier, on imagine que l’idée de faire un film de cette aventure vous est venue naturellement. Sur le compte Instagram de l’expédition @gutsthefilm, on trouve au début une superbe vidéo expliquant l’origine de ce projet. Le texte plante parfaitement le décor. Qui a écrit ces lignes ?

Patrizia  – C’est moi, après une bonne soirée autour d’un feu. On avait passé notre temps à discuter, partager nos rêves, nos envies. Quand je me suis réveillée, le rêve était encore là, alors j’ai pris un stylo et j’ai commencé à écrire.

Marie Pfisterer – Elle a toujours un carnet dans lequel elle note toute sorte de choses. C’est parfait, car je suis nulle pour ça. Dans notre film, elle est à la fois la script et la voix off. Toute l’histoire sera racontée depuis sa perspective. De mon côté, je m’occupe de la partie vidéo et des photos. 

À l’arrivée, votre expédition s’apprête à être parfaitement documentée. Quel est votre parcours à toutes les deux pour en arriver à préparer un tel projet ? 

Patrizia  – L’écriture a toujours été dans ma vie, comme le voyage. J’ai grandi dans un Westfalia T2, mon père était pilote de rallye, encore maintenant, j’ai sa voie dans la tête quand je monte une dune, ou je traverse un passage compliqué : « Accélère, à fond maintenant, donne tout, et stop ! » Il y avait aussi les livres, les cours d’orientation, l’escalade, le parapente, je vivais pieds nus. En grandissant, j’ai commencé à écrire pour des magazines, à parler voyage dans des émissions télé, mais le goût du réel me manquait. J’avais envie d’écrire librement, de montrer les galères et les merveilles de l’aventure. Avec Marie, j’ai compris que c’était possible. Elle a la même vision que moi, et en plus, elle est capable de traduire en images ce que j’écris.

Marie – J’ai eu une caméra en main à l’âge de cinq ans et ne l’ai jamais posée depuis. Même si je suis partie sur une carrière classique passant par des études de commerce, mon envie de créer a toujours fait partie de moi. À 15 ans, j’ai découvert le surf au Pérou. Cette liberté à l’eau est devenue une addiction et il n’a pas fallu attendre longtemps pour que je combine ces deux passions. Même si ma carrière en agence de marketing était déjà bien tracée, j’ai appris à écouter mes intuitions, suivre ce qui me plaît vraiment et planifier notre documentaire GUTS a toujours été un rêve. Même si c’est beaucoup de travail et peu d’argent gagné, à l’arrivée, tu sais que tu as bien fait d’écouter cette petite voix intérieure jusqu’au bout. Avec Patrizia, nous nous sommes d’abord rencontrées au Maroc, puis retrouvées à Biarritz. Un jour, en route pour le Portugal, je lui expliquais que je rêvais d’aller explorer l’Afrique, mais que j’étais bloquée, comme si j’attendais « le bon mec » pour faire ça ! Et là, elle m’a regardé avec de la lumière dans les yeux, elle n’y croyait pas, elle m’a avoué qu’elle rêvait de faire la même chose depuis toute petite.

Avoir une idée d’aventure, c’est cool. La tourner en projet réel, c’est autre chose. Il s’est passé quoi après ce premier roadtrip ensemble ?

Patrizia- J’ai commencé à écrire le projet. Marie avait un shooting avec Billabong donc elle en a profité pour leur présenter et ils se sont montrés assez enthousiastes ! On s’est dit : « si Billabong croit en nous, on va y croire aussi ». Place aux mois d’organisation, de mails, de prises de contact, c’était long, mais cette étape nous a donné beaucoup de force. Nous avons reçu un soutien incroyable de la part des femmes qui nous entourent, nos copines et même des femmes qui ne nous connaissaient pas. Elles nous ont énormément encouragées et cela nous à poussées à y aller à fond, et jusqu’au bout !

S’ensuit beaucoup de préparation de votre côté, mais aussi concernant la voiture. Comment avez-vous géré cet aspect du projet ?

Marie – Comme dit notre cher ami et shapeur Paul, « la voiture, c’est la troisième personne dans ce genre de voyage », et bah il a raison ! Il faut énormément de temps pour choisir la bonne voiture, la préparer et la roder ! Nous avons fini par choisir un Hyundai Galloper sur lequel nous avons pu installer des racks pour les planches. Ce 4×4 est vraiment grand et parfait pour notre projet. 

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« Ce sont des histoires d’espoir, de réussite, de partage. »

Comment gérez-vous le choix des pays, notamment ceux potentiellement dangereux à traverser ?

Patrizia – Nous n’avons pas la roadmap exacte. L’idée, c’est de suivre notre instinct. Jusqu’ici, ça a très bien marché ! Si on sent qu’un endroit est dangereux, si on ne se sent pas à l’aise, on part. Si on sent que c’est faisable, que nous avons assez de temps pour partager un thé, un bout de sandwich, alors on s’installe. C’est là qu’on fait les meilleures rencontres ! Pour l’instant, on se donnait Cap Skirring, le point plus méridional du Sénégal, comme objectif, mais bon, who knows !

Est-ce qu’il y a un message en particulier que vous cherchez à passer avec ce projet ? 

Marie – L’idée est d’inciter chacun à se lancer, surtout les femmes. Si tu es effrayée à l’idée de partir en trip en solo, oublie tout ce qui te retient, n’écoute pas ce qu’on te dit, fais simplement confiance à ta petite voix intérieure qui te dit de foncer. C’est sur cette base que le projet s’est petit à petit construit. On est en train de rencontrer des personnes incroyables, comme Zineb, l’une des premières femmes berbères guide de montagne du Maroc. Elle est ce genre de personne hyper connectée à la nature et de celles qui écoutent au quotidien leur petite voix intérieure. À travers cette aventure, nous avons aussi envie de rencontrer des personnes inspirantes et de découvrir jusqu’où cette philosophie de vie les a menées. Ce sera aussi l’occasion de réaliser quantité d’expériences que l’on n’a pas l’habitude de faire, et de prouver qu’elles sont faisables.

Il y a une démarche féministe derrière ce projet ?

Patrizia  – On n’aime pas se définir féministe, surtout que le concept de féminisme, comme on le considère en Europe, ne pourrait pas être appliqué au système africain. C’est plutôt une question de synergie. Ce qui nous pousse, c’est cette force incroyable que nous développons en tant que femmes, une fois que nous nous battons pour une cause. C’est ça notre message : « croyez en vous, unissez les forces, n’arrêtez pas de vous battre », et nous voulons le faire à travers les yeux et les voix de femmes inspirantes que nous allons rencontrer. Ce sont des histoires d’espoir, de réussite, de partage.

Marie – Au Sénégal par exemple, nous avons rencontré une communauté dans laquelle les surfeuses essaient de changer les images et les stéréotypes qu’elles véhiculent. Nous voulons valoriser ce que font ces femmes, mais sans pour autant avoir un discours féministe. Beaucoup d’hommes ont déjà joué un rôle dans ce projet, il est plutôt question de rencontres, d’entraide et inspiration. 

En plus du film à venir, pouvons-nous suivre en direct votre progression ?

Marie – Nous gardons le meilleur pour le film, bien évidemment, mais vous pouvez suivre nos galères et nos rencontres sur Instagram → @gutsthefilm

Texte par Mathieu Maugret.

Image à la une : © @alexisrossi

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