Les watermen et waterwomen vous le diront, il n’y a jamais trop de moyens de se mettre à l’eau ! Cette fois, on découvre les sensations du foil. La discipline est assez technique et semble peu abordable au premier abord, la faute peut-être au matériel, à la fois technique, pluriel et qui demande un certain budget.
Coup de chance, lorsque nous visitons les bureaux de F-One du côté de Montpellier, cet aspect-là perd de son importance. On débute ici dans les meilleures conditions : tracté par un bateau, sur une mer Méditerranée lisse (et baignée de soleil pour couronner le tout). En tracté, on grille les étapes pour découvrir plus rapidement les sensations et les bons réflexes à prendre. Selon les pratiquants, une session en tracté peut faire gagner plus d’une dizaine de sessions de tentatives compliquées dans les débuts.
Les bons réflexes
Le premier brief de Julien Salles, brand manager F-One et Manera Watermen, tient surtout à la sécurité. En effet, le foil est un objet volumineux qui peut s’avérer tranchant au niveau des ailes, il n’est donc pas à prendre à la légère une fois dans l’eau.
D’abord, on oublie les grands gestes et autres mouvements de brasse. Aux abords de la planche, il est préférable d’éviter d’étendre les bras et les pieds, au risque de toucher une partie du foil (immergé) et de s’y cogner ou s’y couper. Ensuite, il faut accepter l’échec. En foil lorsqu’on perd l’équilibre, il est important de se laisser tomber et de ne pas trop lutter pour rétablir une erreur, au risque de faire se retourner la planche et de chuter directement sur le foil, la solution numéro une pour se blesser. Côté sécurité, on enfile aussi un casque et une veste d’impact, parce qu’un peu plus de protection n’est jamais de trop et que de se savoir protégé permet de se lancer plus librement.
Le mécanisme
C’est Hugo Badaroux, team manager chez F-One et passionné, qui explique ensuite le principe de fonctionnement du foil. Selon lui, le foil utilise un principe de « cabreur-piqueur« . Il y a d’un côté l’aile avant, dite porteuse, qui a tendance à cabrer, et de l’autre le stabilisateur (ou aile arrière), qui a pour rôle de tirer le foil vers le bas. Les deux éléments sont ainsi reliés via un fuselage. Avec la vitesse, un couple de force s’exerce via ce fuselage et permet de voler littéralement au-dessus de l’eau. À condition que l’on gère cet équilibre quelque peu instable ! L’ensemble (aile avant, fuselage et stabilisateur) appelé « avion » ou « plane« , est relié à la planche par le mat. La technicité du foil vient de là : chacun de ces éléments est modulable, créant réactivité et maniabilité variables. Par exemple, plus l’aile avant est grande, plus le foil aura tendance à cabrer et avec peu de vitesse, en revanche il sera moins réactif qu’une surface plus réduite.
En pratique, il existe 3 axes à prendre en compte lors de la glisse. Le roulis d’abord, soit le maintien à plat de la planche, qui vacille de gauche à droite comme le ferait une coque de bateau. Le tangage ensuite, qui correspond au mouvement d’avant en arrière (haut/bas) de la planche, poussée par le foil immergé. Et enfin le lacet, qui indique la trajectoire gauche-droite.
Le but à terme est bien sûr de faire décoller la planche de l’eau, pour « voler » et donc découvrir les sensations propres au foil.
Le matériel
Pour commencer, l’équipe nous a préparé un assemblage idéal pour débuter et progresser. Une board Rocket Wing ASC (Air Shield Composite) 5’10 de 110L de volume, fixée sur un mat aluminium de 75cm. Le plane (ou avion) est un Phantom FCT (Foil Compression Technology) avec une front wing 1280 cm2, un fuselage de 74 cm et un stabilisateur R 275 cm2. Pour simplifier, nous avons une planche large et épaisse, pour avoir de la stabilité à plat sur l’eau, un mat assez court pour éviter de voler trop haut ou de nous blesser en tombant et une aile avant assez grande pour que le foil se lève plus facilement à basse vitesse.
« Les foils F-ONE ont une approche plug n’ play« , nous explique Hugo, chaque élément est modulable et adaptable pour assurer la personnalisation au plus près du niveau et des envies du pratiquant.
Les sensations
Nous voilà à l’eau. En tracté et sur les conseils de Julien, on commence à genoux sur la planche, palonnier en main (une barre au bout d’une corde attachée au bateau). Il faut d’abord se dévier à l’extérieur du sillage du bateau, pour éviter les remous et l’air dans l’eau (produite par le moteur). Pour cela, on joue de son poids et de ses hanches, en cherchant légèrement le rail tandis que les bras doivent rester relativement souples (on ne tire pas sur la corde !). Le côté a son importance : pour les regulars, on sortira à gauche, pour les goofys à droite, afin de toujours faire face au bateau. Ensuite on place le pied avant, pour se retrouver dans une position type « chevalier adoubé » (bon, cette expression-là est de nous mais vous avez l’idée) puis on positionne le pied arrière.
Contrairement au surf, les pieds ne sont pas alignés au centre de la planche, mais légèrement en quinconce, pour répartir le poids sur la largeur et gagner en stabilité. Dans cette position, le focus doit se faire sur un paramètre important en foil et contre-intuitif lorsqu’on vient du surf (ou du skate et du snow) : il faut mettre une intention de poids sur le pied avant, pour empêcher le foil de cabrer, de décrocher (comme le ferait un avion) et donc de trop sortir de l’eau, sans quoi la chute est imminente. Comme toujours en glisse, on regarde au loin, le corps suivant naturellement le regard.
Une fois debout, le bateau prend un peu de vitesse, pour permettre au foil de décoller. Pour donner l’impulsion, on peut légèrement répartir son poids sur les talons. Avec la propulsion, de la même façon qu’un avion prend l’ascension sur une piste de décollage, le foil prend de la hauteur et la planche se décolle de la surface de l’eau. Et là on vole. La sensation est aussi plaisante que surprenante : de la glisse sans clapot, quelques centimètres au-dessus de l’eau (selon la hauteur du mat et le niveau, on peut monter vraiment haut). On comprend immédiatement pourquoi on passe d’un terme de glisse à un terme aérien. Le foil nous sort de l’eau et permet de glisser sans a-coups, seulement guidé par l’avion immergé et les aléas de l’océan (trous d’eau et remous du bateau). Le sentiment de liberté est grisant, au point où l’envie de lâcher le palonnier peut traverser l’esprit. Une erreur d’équilibre et une variation dans l’eau font vite revenir à la réalité de cette première session, tandis que la chute finit par arriver. Plusieurs autres tentatives auront suivies, plus ou moins réussies, mais l’expérience est assez prenante pour avoir envie d’y retourner. On recommande !