Surfin Estate, créé en 2011 par Vincent Lemanceau et Arthur Nelli, a d’abord été un web-journal avant de devenir une marque en 2015, avec l’ouverture d’une boutique à Hossegor, épicentre du surf européen. Littéralement Surfin Estate signifie le « patrimoine du surf« , la marque pouvant être décrite comme un doux mélange d’inspirations vintage et de modernité, pour un surf à la fois plaisir et performant. Elle est également à l’origine de collections de vêtements made in France, d’événements à rayonnement international et de collaborations avec d’autres marques du milieu du surf, de la mode, des photographes et des artistes.
Depuis 2016, Vincent, co-fondateur de la marque, fabrique des planches artisanales dans son atelier de Soorts. Tandis que les différents styles de planches ont tendance à être cloisonnés, le shapeur de 40 ans mêle les genres en créant des boards qui lient le plaisir à la performance. Si cela fait huit ans qu’il vit et travaille dans les Landes, Vincent a grandi au bord du bassin d’Arcachon, où il s’est imprégné du milieu marin. Issu du skate et du surf qu’il a pratiqués à haut niveau, tout comme le bodyboard, le shapeur est tout aussi passionné par les bateaux. Une fois son BP de surf en poche, il a passé quelques années à Paris avant de revenir sur le bassin où il a contribué au développement fédéral des clubs de surf de la presqu’île du Cap Ferret. Une période au cours de laquelle il dresse un constat : « Je me suis aperçu qu’il y avait beaucoup de jeunes qui, dans leur progression, surfaient des planches en mousse, puis des planches évolutives et quand ils arrivaient sur des planches plus performantes, une sélection s’opérait. Certains parvenaient à s’adapter à des planches plus petites mais d’autres ne prenaient plus de plaisir et s’arrêtaient de surfer » nous explique-t-il. Depuis ce moment-là, Vincent a placé le plaisir au coeur de son travail, sans pour autant mettre de côté la performance.
Son apprentissage du shape a commencé lorsqu’il passait son BP de surf, où l’un des modules de sa formation portait sur l’étude des spécificités d’une planche. Une première approche qui fut fondamentale pour Vincent qui, depuis toujours, était passionné de bateaux, de glisse et de carènes, autant de choses qu’il a transposées dans le shape. L’utilisation des outils est une chose avec laquelle il est familier depuis longtemps : « Quand j’ai eu un pain de mousse devant moi pour la première fois, que j’ai dû travailler une latte de bois ou utiliser un rabot, ça ne me faisait pas peur » raconte le shapeur.
Du shape sur-mesure
Depuis que Vincent a ouvert son magasin, il tente d’être au plus proche de ses clients, de les écouter et de les conseiller au mieux. « Les gens viennent me voir pour mon expertise, parce qu’ils savent que je peux leur conseiller la bonne planche, aux bonnes dimensions, aux bonnes carènes, avec le bon rocker » explique-t-il. Il fabrique essentiellement des twins, des mid-lengths et des thrusters très joueurs et ses planches ont toutes en commun le fait d’allier la performance et le confort à la rame « J’ai construit ma marque de fabrique autour du plaisir et du jeu avec la vague, plutôt que de défoncer une vague en faisant une manoeuvre isolée incroyable sans pouvoir la surfer jusqu’au bord parce que la planche n’est pas assez volumineuse » poursuit Vincent. Et depuis quelques temps, le shapeur s’est rendu compte que les surfeurs qui venaient le voir étaient à la recherche d’un mood, d’une humeur. Pour y répondre, il met son expérience et son savoir faire au service des envies de ses clients, ce qui explique le large panel de planches qu’il propose. « En fonction des envies, je vais proposer des planches qui ont un vrai concept d’hydrodynamie, je pense aux edges boards que j’ai beaucoup fabriquées cette année, qui ont souvent une carène très spéciale, beaucoup de concave et un décroché avant le rail. Je fais aussi des edges single fins qui sont presque des guns, pour ceux qui veulent tester de nouvelles carènes, qui ont une approche différente du surf. Ce n’est pas un concept nouveau mais ce n’est plus trop travaillé aujourd’hui. Je fais beaucoup de singles, de twins, de thrusters et les gens vont piocher dans ces concepts et dans l’histoire du surf. »
Dans son approche de la pratique, Surfin Estate revisite l’histoire du surf tout en se nourrissant du présent. Vincent aime se replonger dans ce qui a été fait tout en participant à l’évolution des shapes, des templates et des rockers en les adaptant à une glisse plus moderne et actuelle. Conserver les choses du passé et l’histoire du surf sont deux choses fondamentales dans son travail, qui s’adapte également aux demandes spécifiques de ses clients et à leur gabarit. « Le spectre des planches que je shape est très large. Je peux tout autant faire une planche pour un rugbyman au gros gabarit qu’un petit longboard pour un jeune de 12 ans, qui veut s’y mettre sans s’encombrer d’un 9’1 qu’il ne pourra pas porter. C’est du surf sur-mesure » raconte le shapeur.
Une approche originale
Les 400 planches que Vincent a vendues en 2020 reposent sur une approche artisanale du shape et répondent à des exigences de qualité et de solidité. Mais une grande partie de la légitimé de la marque s’est également construite sur le fait que le shapeur surfe systématiquement les planches qu’il propose. Le test de ses planches fait l’objet d’une production vidéo en interne qui les met en lumière, ce qui a permis à la marque de bâtir une communauté qualifiée et engagée (l’une de ces vidéos est à retrouver en bas de l’article). « Souvent, les shapeurs s’entourent de surfeurs pros pour faire parler de leur travail, ma stratégie est plutôt de me mettre en avant avec les planches, un peu à l’instar de Tyler Warren qui a beaucoup fait ça en Californie. Il n’y a pas un modèle du site internet que je n’ai pas surfé, je teste la planche ainsi que les dérives, leur placement… Avant de commercialiser une planche j’en fait deux ou trois afin de me faire une idée de son comportement, même si parfois je n’en ai pas besoin et qu’elle marche tout de suite » narre Vincent.
Le shapeur s’entoure également de l’expertise de surfeurs très qualifiés qui valident son ressenti. « Des jeunes pros du QS qui me demandent de leur shaper des mid-lengths ou des longboards. Toute une communauté d’athlètes, comme Justin Becret ou Mathis Crozon, passe souvent à la boutique pour parler surf, compétition, c’est génial ! J’ai réalisé un longboard pour Mathis, shortboardeur par excellence, mais ça fait beaucoup de sens pour moi de lui faire un longboard classique avec une dérive, on a bien discuté, j’ai changé quelques petites choses sur la planche et ça me permet aussi d’avoir des retours de gars hyper qualifiés qui ont cette approche du surf performance » raconte Vincent (vidéo à voir en bas de l’article). Si ce dernier est attaché à l’histoire du surf, au passé de la discipline, il regarde également la compétition et suit le parcours des jeunes sur le circuit pro. « J’aime voir comment le surf professionnel évolue. Je ne reste pas uniquement dans ma bulle du surf plaisir, je m’intéresse au surf performance » explique le shapeur. Ce dernier aime mêler ces univers et pour lui, cette ouverture d’esprit est fondamentale, nécessaire et a participé au succès de son travail.
À l’issue de notre entretien, nous avons demandé au shapeur s’il souhaitait adresser un mot aux surfeurs et aux surfeuses, à quoi il nous a répondu ceci : « J’aimerais leur dire de ne pas être trop ambitieux dans leur choix de planche et qu’une planche peut mal marcher un jour mais qu’il suffit de quelques petites modifications ou d’une discussion avec son shapeur pour que le plaisir soit total. « Please have fun » est aussi un petit mot que j’écris sur toutes les planches, un rappel à tous mes clients que le surf est aussi un jeu! »
Jeu concours Surf Session X Surfin Estate
-Stay tuned- Dès le 12 juin on vous donne rendez-vous sur notre compte Instagram (@surfsessionmag) pour participer à un jeu concours et tenter de gagner un nose rider Surfin Estate.
