C'était il y a 10 ans jour pour jour. Le 22 novembre 2002, trois équipages de tow-in français se lançaient pour la première fois à l'assaut de la vague de Belharra lors d'un swell monstrueux, qui avait eu raison 3 jours plus tôt du cargo Prestige.Ignorant le drame en train de se jouer au large des côtes espagnoles, les équipages de surfeurs, composés de Peyo Lizarazu/Max Larretche, Michel Larronde/Vincent Lartizien et Fred Basse/Yan Benetrix osaient enfin affronter ce joyau du Pays Basque, souvent observé depuis la corniche, mais jamais surfé.Malgré un plan d'eau haché par le vent, ces 6 surfeurs allaient pendant 1h30 redéfinir le surf de gros européen, et marquer une des plus belles pages du surf français.La session aura de nombreuses retombées dans la presse, dont une double-page dans Paris Match, et fera la couverture du Surf Session de janvier 2003 (voir image). Le 17 mars 2003, Belharra se réveillera de nouveau, cette fois plus grosse et plus propre que lors de la première session, et fera définitivement rentrer le spot basque, s'il en était encore besoin, dans la liste des meilleurs spots de gros de la planète [VOIR VIDÉO].C'est le 23 novembre 2009 que Belharra réellement marché pour la dernière fois, et Surf Session était au line-up pour immortaliser la session [VOIR VIDÉO]. Depuis, tout le monde attend impatiemment le prochain réveil de la “bête”.Retrouvez les photos du reportage de la session de novembre 2002, et les témoignages des protagonistes de cette session historique :Témoignages :Vincent Lartizien : “Ce spot, c'est Peyo Lizarazu qui nous l'avait montré. l'honneur de surfer la première vague sur ce reef jamais ridé auparavant lui revenait donc légitimement. Mais il arrivait d'Angleterre, il était un peu en retard, pas encore prêt à 100% quand nous sommes arrivés sur zone, et il nous a donné le feu vert pour se lancer. Étant donné notre expérience dans le surf tracté avec Michel Larronde, c'était à nous d'ouvrir les hostilités. [---] Lors de cette session, on a tous franchi un cap, comme si c'était vraiment la première fois qu'on faisait du tow-in en France. Pour la première fois on a réussi à scorer des vagues importantes dans les Hawaiiens qui te disent que t'es chez eux”.Michel Larronde : “L'approche était incroyable. J'ai halluciné.J'ai vu des Jaws énormes, mais là c'était une autre dimension. Un tel mur d'eau dans une étendue aussi vaste, je sais pas si j'en ai vu à Hawaii”.Peyo Lizarazu, alors étudiant en Angleterre : “Depuis que je m'étais mis au tow-in 4 ans avant, j'observais cette vague depuis la fenêtre de chez moi à Ciboure, chaque fois qu'elle pétait. Plusieurs fois par an. Et elle était devenue un rêve... [---] Cette session est sans façon une étape essentielle de ma vie. Il fallait que je surfe cette vague. Aujourd'hui c'est fait. Je vais mettre un peu de temps avant de redescendre de là-bas, tant l'émotion est forte. Mais je me sens bien. Je peux repartir étudier sans problèmes”.Max Larretche : “L'écume à Belharra, c'est facilement le double d'un très gros Guéthary. Si tu tombes c'est pas bon. Il y a plus de quinze mètres de fond, et le bouillon parcourt bien 400m avant de mourir en eaux profondes. Donc pour remonter à la surface il en faut du temps !”Fred Basse : “On avait vu la vague depuis la côte, le matin. On s'attendait à du 6m. Quand on est partis, on était excités mais encore assez détendus. [---] On ne voyait pas encore la vague de Belharra... jusqu'à ce qu'une série déferle quand on est arrivés sur zone. Soudainement on a compris que c'était une autre histoire.”Yan Benetrix, décrivant la vague de la séquence : “Cette vague, je l'ai vue arriver de loin et tout s'est enchaîné parfaitement. Tous les autres avaient pris des vagues et étaient remontés et je sentais que c'était mon tour. J'ai lâché dans le bon timing et à cet instant précis, comme par magie, le soleil s'est dégagé le vent est tombé. C'était un tableau parfait. J'ai ressenti ça comme un signe, comme un autre cadeau que la nature m'offrait quelques jours après la naissance de mon fils. Quand je suis remonté, tous les gars criaient son prénom. Je n'ai jamais ressenti une telle émotion. Dans le surf je n'ai jamais vraiment cherché à me mettre en avant médiatiquement. Mais cette vague historique est une fierté personnelle. [--–]”
22/11/2012