Un film basé sur la vie de la première surfeuse du Bangladesh est sur le point de se faire censurer au pays. Sorti le 29 novembre dernier, le très attendu No Dorai raconte l’histoire (tirée de faits réels) d’une fille prénommée Ayesha. Cette dernière, issue d’une famille défavorisée, tombe amoureuse du surf et se lance dans le sport, au sein même d’une société conservatrice qui pousse souvent les filles à se marier tôt.
Mais problème, No Dorai est accusé de «blesser» les sentiments religieux de cette nation musulmane conservatrice.
L’avocat de la Cour suprême, Huzzatul Islam, a envoyé un avis juridique aux cinéastes et déposé une requête auprès de la Haute Cour pour demander aux autorités de révoquer le certificat de censure du film No Dorai au Bangladesh. Un pays où il est inhabituel pour les femmes de nager en public.
Le producteur du film, Mahboob Rahman, a déclaré de son côté que la Haute Cour avait demandé aux cinéastes de justifier d’ici le mois prochain pourquoi le certificat de censure ne devait pas être retiré, ajoutant qu’ils se battraient contre la décision de censurer le film.
Rahman a déclaré qu’il était surpris par la réaction au film – le premier au Bangladesh à se concentrer sur les surfeuses – qui traitait de la pauvreté ainsi que des préjugés envers les femmes dans ce pays d’Asie du Sud. « Il y a un groupe qui veut que les femmes restent à l’intérieur », a t-il précisé à la Fondation Thomson Reuters, ajoutant qu’il avait également reçu des menaces en ligne.
« Certaines personnes disent qu’Ayesha porte un bikini dans le film et que c’est contraire à notre religion. Cette scène n’existe pas, ces gens n’ont pas regardé le film. »
Des scènes « blessantes pour les sentiments religieux »
La polémique autour du film a commencé lorsque Huzzatul Islam a envoyé un avis juridique aux cinéastes le 4 décembre dernier appelant à l’interdiction du film. Son argument ? Certaines scènes du film « sont blessantes pour les sentiments religieux ». Il n’a pas nommé de scènes spécifiques. « Nous voulons que le comité de censure annule le certificat du film. Nous voulons que le film soit retiré et nous voulons également que les cinéastes s’excusent », a déclaré Huzzatul Islam à Reuters.
Un film inspiré de faits réels
Rahman a déclaré avoir eu l’idée d’un film sur le surf au Bangladesh en rencontrant Nasima Akter, une surfeuse de la ville balnéaire de Cox’s Bazar, qui a reçu une couverture médiatique mondiale après avoir mieux surfé que ses pairs masculins. Akter s’est retrouvée sans abri à l’âge de sept ans et a trouvé espoir en surfant à Cox’s Bazar. Un spot qui possède la plus longue plage de sable ininterrompue du monde.
Elle a figuré dans un documentaire de la réalisatrice américaine Heather Kessinger, intitulé «The Fearless: An Unexpected Surf Story», sorti vers 2015 alors qu’Akter avait environ 18 ans. Rahman a déclaré qu’Akter est maintenant mariée et mère de deux enfants. Elle surfe rarement.
No Dorai, cependant, se termine sur une note différente avec Ayesha se battant pour continuer à surfer. « Au Bangladesh et dans de nombreux endroits, les femmes sont opprimées et n’ont pas le droit de faire ce qu’elles aiment. Nous avons donné une fin différente et rendu la protagoniste très forte pour qu’elle se défende et inspire plus de femmes » a déclaré Rahman.
>> Infos via Thomson Reuters Foundation (Naimul Karim)
se film doit sortir en salle ?