Le deuxième de la fratrie de surfeurs raconte ce qu'il s'est passé lors de son énorme wipe-out à Jaws en janvier et ses conséquences
22/02/2023 par Rédaction Surf Session
Vous n’êtes sûrement pas passé à côté de la boite qu’a subi Nathan Florence lors de la session à Jaws,qu’il décrit lui-même comme l’une des meilleures qu’il ai jamais vu, en termes de conditions, au-delà des performances de chacun. C’était en janvier dernier, tous les meilleurs surfeurs de gros étaient présents, tous ont eu des vagues, beaucoup sont tombés et ont ramassé. Malgré son très haut niveau, son expérience, une bonne condition physique, sa connaissance du spot et tout le matériel qu’il faut, Nathan n’y a pas échappé.
La frustration est montée en lui après avoir loupé une première vague parfaite, parce qu’il était mal placé. Une frustration qui n’est jamais bonne comme il l’explique, « c’est risqué d’être dans cet état d’esprit parce que tu perds toutes notions de bon sens, tu perds un peu de stratégie. (…) Tu prends un shoot d’adrénaline et tu te sens sur-humain et tu penses que tu peux partir sur tout. » En effet, il est parti sur la suivante, une vague mutante, où il est resté le plus à l’intérieur possible pour profiter au maximum du barrel. Au moment de faire son take off il s’est rendu compte qu’il était vraiment late, que la seule solution pour ne pas faire un haut bas était de mettre le rail tout de suite dans l’eau et de le maintenir au maximum. Malheureusement, la position était intenable, physiquement parlant.
L’heure est à la chute. Après avoir volé pendant quelques dixièmes de seconde, il a d’abord glissé sur l’eau et fait des tours sur lui-même à toute vitesse. Mais sa blessure ne vient pas de là. Son dos s’est brisé lorsqu’il est reparti avec la lèvre et qu’il est tombé du haut de la vague dans le barrel. Nathan explique dans sa vidéo, être le genre de gars qui déclenche rapidement la veste, il ne veut pas perdre de temps et d’énergie, sous prétexte de ne pas vouloir « gaspiller » le matériel. Après s’est fait retourner dans tous les sens façon machine à laver, il sort enfin la tête de l’eau, encore sous le choc. Mais dans un éclair de lucidité qui tient même plus de l’instinct de survie, il a dégonflé sa veste pour plonger et ne pas prendre de plein fouet la suivante.
Ensuite, l’équipe qui assurait la sécurité sur les jet-skis est immédiatement venu pour le sortir de la zone d’impact. Vous pourrez voir qu’il s’agit des plus compétents dans la matière, comme Kurtis Chongkee qui lui crie de saisir les cordes jaunes (dans le cas où le surfeur n’attraperait pas le sled) avant de l’extraire. Forte heureusement, il n’est pas tombé inconscient sur le coup et il n’a pas perdu la sensibilité de ses membres. Après une pause de 20 minutes sur le bateau dans le chenal, la douleur a persisté. Nathan était incapable de rentrer à la rame au bord comme ils ont l’habitude de faire puis de remonter à pied et de grimper dans le chemin jusqu’au parking. L’équipe à bord du bateau contacte celle qui se trouve en haut de la falaise pour leur dire qu’il faut le conduire aux urgences.
5 jours après l’accident il pouvait marcher, douloureusement, mais quand même. Rassuré il se dit que les examens radiologiques seront bons. Mais le médecin lui annonce que son dos est cassé. Plus précisément, c’est une « fracture qui fait pression sur votre vertèbre T 12« . C’est 6 mois minimum de repos forcé pour Nathan Florence. D’après les spécialistes, c’est le meilleur scénario possible pour une fracture dans cette zone. Les disques ne sont pas touchés, les nerfs non plus, ni même la colonne, rien n’a bougé. Aucune opération n’est nécessaire, un soulagement pour le surfeur professionnel qui base sa carrière sur son corps.
Cela fait maintenant 4 semaines et Nathan Florence a repris la préparation physique presque à la normale, sauf qu’il ne soulève aucun poids lourd. Le but est de maintenir une certaine masse musculaire et de dire au corps : « hey je suis vivant, on doit accélérer la récupération« . Il mange encore mieux qu’avant pour faciliter sa récupération. À 28 ans, cette blessure devrait très bien se soigner, surtout qu’il est bien accompagné. Mais pour l’instant, le surf attendra encore une dizaine de jours et son retour à l’eau ne se fera pas dans une vague de 8 mètres à Jaws.
Voilà qui explique entre autres son absence à l’Eddie Aikau qui a eu lieu en janvier dernier. Mais l’objectif de Nathan Florence reste le même malgré la chute qui n’a pas entaché sa détermination loin de là. Il souhaite en acquérant de l’expérience, « pouvoir surfer Jaws, Mavericks et toutes ces vagues comme on surfe Backdoor, parce que c’est ça le future du surf de gros ». Il est déjà excité de retourner sur l’énorme droite hawaïenne, il n’a pas d’appréhension quelconque.
Après le témoignage d’Albee Layer, Nathan nous partage le sien et ils sont source de bonnes informations. C’est une excellente prévention pour tous ceux qui s’intéresse au surf de gros et qui n’ont aucune expérience. Cette fois, c’est beaucoup plus complet. S’il s’en sort avec si peu de dommages physiques et psychologiques, c’est grâce à un entraînement physique régulier en plus du surf. La préparation mentale et le mode de vie relativement sain qu’il a adopté, lui ont sûrement éviter des dégâts physiques et psychologique plus importants encore.
Préparation physique, mentale, nutritionnelle... Ce documentaire met en lumière le parcours semé d'embûches de Cédric Giscos et Lionel Franssen pour atteindre leur rêve.