Pourquoi les Brésiliens dominent-ils le surf mondial ?

Patrick Beven nous explique les raisons du réveil brésilien, aussi fulgurant que tardif.

07/08/2020 par Rédaction Surf Session


« Laissez donc la Chine dormir, car lorsque la Chine s’éveillera le monde entier tremblera. »

Cette prophétie prononcée par Napoléon en 1816 pourrait s’appliquer parfaitement au surf brésilien et à son essor tardif. Car quand on regarde aujourd’hui le surf sous ses différentes formes, le Brésil occupe une place plus qu’honorable. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Loin de là.

Le Brésil est pendant longtemps resté dans l’ombre. Ce documentaire Red Bull ainsi que notre podcast de Patrick Beven nous expliquent les raisons du réveil brésilien, aussi fulgurant que tardif. Car si la Seleçao a brillé dans beaucoup de sports comme le foot et la Formule 1, le surf au niveau international, en dépit des plus de 6000 kilomètres de plages, a mis du temps à s’imposer. 


Brésil : une nation dans l’oublie…

Le surf a connu une croissance exponentielle depuis sa naissance et son développement à Hawaï au milieu du XX° siècle. Si l’on parle beaucoup ensuite de l’Australie, Tahiti, la France ou encore les Etats-Unis, le Brésil, luia longtemps été dans l’oubli. 

Première explication, des vagues jugées médiocres qui n’attiraient pas forcément le World Tour et ne permettaient pas l’éclosion de jeunes prodiges. Mais pour les jeunes, au-delà des vagues, le principal problème pour se faire connaître était financier. La crise qui a secoué le Brésil à la fin du XX° siècle a créé un gouffre entre les classes les plus aisées et les classes populaires. Le surf nécessitant des moyens pour se rendre sur les spots les plus réputés n’était donc pas accessible à tous les jeunes brésiliens. 

… désormais à la conquête du monde

Mais se laisser mettre à l’écart n’est pas dans le mentalité des Auriverde. Et même si les Brésiliens à l’eau ont longtemps eu une image négative aux yeux des Américains et des Australiens et qu’ils possèdent toujours une réputation mitigée dans le monde du surf, cela n’a pas empêché l’éclosion progressive de talents auriverde. De De Souza aux deux titres de Medina, en passant par Italo Ferreira,  Lucas « Chumbo » dans le surf de gros, Rodrigo Koxa qui détient le World Record de la plus grosse vague jamais surfée ou encore la pépite Mateus Herdy : les Brésiliens ne font plus seulement qu’apparaître sur les circuits pros. Désormais ils gagnent. 

La détermination pour se sortir de milieux sociaux très précaires les poussent aussi à devenir meilleurs.

« En France, tu peux toujours trouver un peu d’argent à droite ou à gauche. Tu peux bosser. Au Brésil ce n’est pas pareil. Il faut te battre, sinon tu restes derrière » nous a confié le Franco-Brésilien Patrick Beven joint dans la semaine par téléphone et dont notre discussion intégrale est à retrouver en podcast dans cet article. 

Effectivement, on reconnaît au style de Medina ou d’Italo, qu’apprendre à surfer au Brésil nécessite de créer sa propre vitesse pour se relancer et s’extirper de vagues molles. Les Brésiliens sont donc de puissants surfeurs qui ne peuvent que briller dans de meilleures vagues, boostés par l’envie viscérale de s’en sortir. Un cocktail explosif qui aujourd’hui porte ses fruits.

« Les Brésiliens ne sont pas arrivés en mode « coucou on veut être champion du monde ». Non. Il y a du travail derrière » nous précise Patrick. « Cela faisait un moment que les Brésiliens cherchaient la formule pour être champion du monde. Ils ont juste mis un peu de temps à comprendre ce qu’il fallait faire pour gagner. Mais ils ne sont pas bêtes. Ils cherchent constamment la solution pour être les meilleurs ». 


En plus de démocratiser cette pratique au Brésil, la vague de talentueux surfeurs de la décennie installe la Seleçao parmi les grandes nations du surf mondial. Preuve de cet engouement, hormis les titres glanés, la WSL s’est mis à traduire l’ensemble de ses publications ou presque en Portugais

Et maintenant qu’ils sont au sommet, les Brésiliens ne sont pas prêts de céder leur place. 

>> Par Julen Bordachar et Marc-Antoine Guet           

                                 


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